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Abbaye de Cadouin
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Histoire de l’Abbaye Notre-Dame de la Nativité
Classée MH
Inscrite en 1998 sur la liste du patrimoine mondial par l'UNESCO
au titre des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France
“ Que l’on ne construise aucun monastère dans les villes, les bourgs et les domaines ruraux.”
La Règle édictée par Saint Benoît, va être suivie par les Cisterciens qui s’installent ainsi à l’écart des villages.
En ce tout début du XXème siècle, la Forêt de la Bessèges est un “désert” et de nombreux ermites, fuyant le monde y ont trouvé les conditions nécessaires pour se consacrer à la prière et à la méditation.
En 1115, Géraud de Salles va réunir ces ermites pour fonder une abbaye dans un vallon à l’écart de la vallée de la Dordogne ; le monastère rejoint l'Ordre cistercien quatre ans plus tard et en suivra la règle avec plus ou moins de zèle. C’est la onzième abbaye rattachée à l’ordre de Cîteaux.
Jusqu'au départ des derniers moines en 1791, l'abbaye de Cadouin va connaître un destin exceptionnel.
De cette abbaye, soutenue au Moyen Âge par les rois de France, il ne subsiste de l’architecture romane, que l’église abbatiale, la sacristie, et la base des bâtiments conventuels. Les bâtiments construits du XIIème au XVIIème siècle, ont une architecture différente et illustrent le plan traditionnel d'une abbaye en trois parties :
L'église abbatiale est l'église des moines qui s'y réunissent pour la messe et les sept offices quotidiens (de matines, au milieu de la nuit, à complies, au coucher du soleil).
L’église abbatiale de Cadouin
Consacrée en 1154, c’est une église romane de trois nefs avec quatre travées voûtées en berceau brisé.
La façade occidentale, à la saintongeaise, se présente comme un grand mur austère et massif, avec trois grandes baies, en plein centre et plusieurs arcatures aveugles.
L'intérieur, qui à l'origine était d'une grande sobriété selon le souhait des premiers cisterciens, a vu sa décoration s’enrichir au fil des siècles avec la superbe coupole à pendentifs de la croisée du transept, le chœur orné d’une très belle Résurrection du Christ et d’une fresque d’un bleu céleste fleurdelisée. Les chapiteaux sont eux ornés des motifs végétaux traditionnels que l’on trouve dans l'architecture cistercienne.
Les deux chaînes suspendues sous la coupole rappellent l’emplacement occupé par le « Suaire du Christ », qui a inspiré toute la décoration de l'abbatiale.
La coupole et la fresque de le Résurrection du Christ
Notre-Dame de Cadouin
Statue offerte par Pierre de Gaing, abbé en 1455 ; il est représenté en prière au pied de la Vierge, son écusson patrimonial à ses côtés. La statue, brisée à la Révolution, a été restaurée au XIXème siècle.
L'église possède la particularité d'être percée de trois oculi* alignés, un sur la façade et deux sur la coupole. À chaque équinoxe ces oculi sont traversés par un rayon de soleil, matérialisant l'orientation symbolique de l'église vers l'Orient.
L’un des oculi de la coupole.
Le cloître est le bâtiment central qui est le lien entre chaque partie de l'abbaye et les moines y méditent en déambulant à l'abri de ses galeries. Celui de Cadouin, roman à l’origine, a été détruit pendant la guerre de Cent Ans puis reconstruit et décoré aux XVème et XVIème siècles et sera achevé pendant ce siècle par une galerie Renaissance, restaurée au début du XXème.
Au regard de la sobriété de l'église romane, la décoration flamboyante du cloître est saisissante !
Le cloître gothique et sa magnifique décoration flamboyante.
Les voûtes complexes des galeries sont soutenues par des colonnes richement sculptées. Aux angles de ces galeries, des portes flamboyantes du XVème siècle et des portes Renaissance du XVIème siècle. Un magnifique ensemble encadre le siège abbatial dans la galerie nord.
Les galeries encadrent comme il se doit un jardin au centre duquel de l’eau coule dans une vasque.
La vasque à la croisée des allées
Le cloître est entouré par les bâtiments abbatiaux restaurés au XVIIème siècle qui abritent aujourd'hui une auberge de jeunesse.
Les communs regroupent les bâtiments nécessaires à la vie quotidienne et matérielle des moines : dortoir, réfectoire, cuisine, cellier, salles de travail, etc.
A Cadouin, dans la cour des communs, l’aile Est des bâtiments regroupait le parloir, le dortoir et les salles de travail.
Dans l'aile Sud, se trouvaient le chauffoir, la cuisine et le réfectoire des moines tandis que l'aile Ouest abritait le dortoir et le réfectoire des convers** ; au XVIe siècle, les convers ayant disparu, on transforma l’aile en palais abbatial.
La cour des communs
Autour de l’abbaye existait aussi un enclos séparant les moines du monde extérieur et comprenant les autres bâtiments indispensables à la vie en autarcie menée par la communauté : four, moulin, forge, jardins, vivier et cimetière.
L’histoire du faux « Suaire » de Cadouin :
L'abbaye entre en possession du « Suaire du Christ » probablement au XIIIème siècle selon la première mention qui en est faite et le conservera plusieurs siècles. L’abbaye va alors devenir un lieu de pèlerinage important, sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle.
Après un déclin dû aux guerres de Religion, le pèlerinage connaît un regain de popularité au XVIIème siècle après la publication d'un procès-verbal d'authenticité de la relique.
Mais l’embellie ne durera pas et l’abbaye va connaître un déclin jusqu’à la Révolution qui sera la cause de la dispersion des moines.
Toutefois, le « Saint-Suaire » va être sauvé d’un incendie par le maire du village qui le cachera sous un plancher jusqu’à ce qu’il puisse être rendu au culte en 1797. Il ne sera l’objet que d’un pèlerinage paroissial jusqu'à sa relance au XIXème siècle par l’évêque de Périgueux ; ce regain de ferveur va durer jusqu'en 1934.
C’est alors qu’un historien jésuite détermine la date de l'objet grâce à la présence de bandes décoratives ornées d'un texte dans lequel sera relevée une inscription en coufique, style d'écriture de l'alphabet arabe. Ce texte indique ensuite que le voile fut tissé en Egypte à la fin du XIème siècle.
Dès la publication de cette information, le pèlerinage de Cadouin est annulé par l’évêque de Périgueux et l’abbaye comme le village perdront de ce fait une part importante de leurs revenus…
*oculus : mot latin signifiant « œil », (pluriel, « oculi ») ; petite ouverture circulaire pratiquée dans un mur ou une voûte.
**Convers : communauté chargée des tâches matérielles dans l'abbaye.
Les convers ou aussi frères lais et sœurs laies, sont les membres des ordres religieux principalement chargés des tâches domestiques ou agricoles.
Leur foi avait conduit ces personnes à vouloir mener une vie religieuse ; mais issues de milieux modestes, elles n'avaient pas le niveau d'études nécessaire pour accéder aux ordres sacrés et de ce fait apportaient leur contribution à leur ordre en s’acquittant des tâches manuelles et pour certaines des affaires séculières. Cette contribution était loin d’être négligeable et les frères lais cisterciens sont considérés comme ayant été un des grands facteurs de réussite de l'ordre dans l'agriculture à l'époque moderne comme au Moyen Âge.
Les frères convers et les sœurs converses portaient une tenue différente des autres frères ou sœurs de la communauté et leurs obligations de suivre les rites religieux étaient moindres.
Cette situation a été changée par le IIème concile œcuménique du Vatican (dit Vatican II) qui a demandé que tous les ordres religieux soient incités à réexaminer et revoir leurs constitutions et statuts ; en conséquence aujourd’hui, toutes les différences relatives à l’origine des membres d’un ordre religieux ont été très atténuées ou même abolies et ces derniers ont des droits et un habillement identiques même si leurs tâches sont différentes au regard de leur niveau d’instruction.
Visite de l’Abbaye de Cadouin
En suivant le plan fourni lors de la visite :
Les galeries nord, est et sud du cloître sont de style gothique flamboyant ; la galerie ouest est de style Renaissance.
L’entrée et la sortie de la visite se font par une porte dans la galerie Nord.
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Voir aussi ‘L’eau dans les Abbayes » ICI
Sources :
Les amis de Cadouin
Wikipédia
Documents fournis pour la visite