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En mémoire d’un arrière grand-père qui en 1871, s’exila de sa terre natale et d’un petit village proche de Colmar, pour recommencer bien loin, une autre vie sans se douter que, 100 ans plus tard, ses petits enfants et arrières petits enfants seraient obligés de quitter à leur tour leur terre natale pour revenir en Métropole.
La Petite Venise
Ancienne ville de la Décapole*, placée au centre du vignoble alsacien, ville d’art et d’histoire souvent douloureuse, ville très restaurée, entretenue et fleurie, ville gourmande du restaurant prestigieux à la winstub typique et chaleureuse, Colmar est un condensé de l’Alsace dans ses traditions mais aussi dans sa force de résister aux fractures de l’Histoire et de regarder vers l’avenir tout en préservant sa culture.
*Décapole : Ligue des dix villes libres alsaciennes qui faisaient partie du Saint-Empire romain germanique.
Les blessures de l'Histoire
Période romaine :
La Villa Colombaria, premier nom de Colmar, subit l’invasion des alamans qui se voient à leur tour soumis par Rome au IVème siècle. Ces populations alémaniques deviennent peu à peu majoritaires au sein d'une population gallo-romaine, jusqu’à faire adopter la langue germanique à la place du bas-latin.
Haut Moyen-Age :
Les Francs vont battre et massacrer cette aristocratie alémanique et la région va se trouver sous la domination des clans mérovingiens.
Bas Moyen-Age :
Colmar se développe et devient une ville au XIIème siècle, sous la suzeraineté de l’empereur Frédéric II de Hohenstaufen.
Au XVème siècle le représentant de l'empereur d'Allemagne en Alsace, suite à un besoin d’argent impérieux, obtient un prêt de Charles le Téméraire dernier Duc de Bourgogne qui lui réclame en gage une partie de la province.
XVIIème siècle, la Guerre de Trente Ans :
Les troupes du roi de France Louis XIV occupent Colmar par surprise ; la ville, par peur de subir les mêmes atrocités commises pendant le sac de Turckheim, se soumet et est annexée par les français en 1680.
XIXème et XXème siècles :
Le 10 mai 1871 par le traité de Francfort, l’Alsace est cédée par la France à l’Empire allemand ; Colmar devient chef-lieu du district de la Haute-Alsace dans le Reichsland d'Alsace-Lorraine jusqu'à la signature du traité de Versailles (28 juin 1919) mettant fin à la Première Guerre mondiale.
Mais voici la Seconde Guerre mondiale et après la défaite française de 1940, Colmar est annexée de facto, comme le reste de l'Alsace, au Reich nazi.
Le 2 février 1945, elle sera la dernière ville alsacienne à être libérée de l'occupation nazie, après une longue résistance de la poche de Colmar ; elle sera aussi l'une des dernières villes de France à être libérée.
Patrimoine
Il est particulièrement agréable de visiter le vieux Colmar, et d’admirer les innombrables richesses de son patrimoine en tous points remarquable, grâce à une zone piétonne parmi les plus vastes d’Europe.
Le Moyen Age a légué à la vieille ville de superbes exemples d’architecture gothique tant dans les remarquables ensembles religieux que dans les bâtiments civils.
La Renaissance a elle aussi une présence très forte dans le vieux Colmar et pour ne citer qu’elles, la Maison Pfister et la « Maison des Têtes » témoignent de l’âge d’or du commerce et de l’aisance de la bourgeoisie marchande de la ville.
Alors flânons de rue en rue dans cette ville au charme prenant, pour découvrir ce patrimoine si bien conservé et entretenu, sans oublier de lever la tête pour admirer les nombreuses et fort belles enseignes :
Rue des Têtes
La « Maison des Têtes » :
Construite en 1609, ce remarquable édifice de la Renaissance allemande doit son nom aux têtes ou masques grotesques (plus de 106) qui ornent une riche façade orné d’un oriel de trois étages ; ces sculptures ont donné son nom à la maison dès le XVIIIe siècle puis plus tard, à l’ensemble de la rue.
Le pignon à volutes et ailerons est surmonté d'une statue en étain de Bartholdi représentant un tonnelier. Classée aux M.H. depuis 1898.
La Maison des Têtes
Rue des Marchands
Cette rue comprend le plus bel ensemble de maisons à colombages et pans de bois de Colmar
La maison Pfister :
Joyau du patrimoine colmarien, édifiée en 1537, elle doit son nom à la famille qui en fit l'acquisition en 1841. Encore médiévale dans sa conception, elle est construite en pierre et en bois avec une très longue galerie de bois, un oriel d'angle sur deux étages et une tour octogonale ; sa décoration est par contre de style Renaissance : les peintures décorant les façades représentent les empereurs germaniques du XVIe siècle, les Quatre Évangélistes, les pères de l'Église, des figures allégoriques et des personnages et scènes bibliques. Ce décor traduit traduit l’humanisme de la bourgeoisie marchande de Colmar au XVIe siècle. Elle est classée aux MH depuis 1927.
La Maison Pfister
La maison Zum Kragen :
Accolée à la maison Pfister, elle est connue pour la statue de bois polychrome représentant un personnage barbu en tenue renaissance
Rue des Marchands et rue Schnongauer
La Maison dite Schongauer :
Elle présente, sur la rue des Marchands, une façade composée d'un rez-de-chaussée massif surmonté de trois étages en encorbellement et d'un pignon à deux étages.
La façade de l'ancien bâtiment dit Huselin Zum Swan (maisonnette au cygne) début XVIème siècle, sur la rue Schongauer a conservé des éléments plus anciens et est ornée d’un oriel. Elle passe à tort pour avoir été la demeure du peintre Martin Schongauer.
Place de la Cathédrale
La Maison Adolph :
C’est l'une des plus anciennes maisons de la ville ; Cet édifice de trois étages doit son nom à la famille Adolph qui y résidait au XIXème siècle. Les fenêtres en arc brisé, les réseaux en losange et les grandes baies des étages datent de la seconde moitié du XIVe siècle, le troisième étage et le pignon, en pans de bois, ont été construits au cours du XVIe siècle. Inscrite à l’ISMH depuis 1929.
L'ancien corps de garde :
Edifié en 1575 au-dessus de l’ossuaire de l’ancienne chapelle Saint-Jacques, son portail et sa loggia constituent un joyau de l'architecture de la Renaissance rhénane ;il est décoré de colonnes toscanes et de colonnes corinthiennes. Des masques sont situés sous ces mêmes colonnes. Classé aux MH depuis 1958.
L’ancien Corps de Garde et sa loggia Renaissance
La Collégiale Saint Martin :
Construite en grès jaune de Rouffach de 1235 à 1365, elle est une oeuvre majeure de l'architecture gothique en Alsace. Un incendie détruisit en 1572 la charpente et le couronnement de la tour sud qui furent remplacés trois ans plus tard, par l'original lanternon à bulbe qui donne à l'édifice sa silhouette caractéristique.
Bien que toujours appelée ainsi, elle n'a eu le statut de Cathédrale que durant la Révolution, il s’agit en fait d’une Collégiale, consacrée à Saint-Martin
La tour sud et son lanternon
Rue Vauban
Le Poêle des laboureurs :
(Ancienne Maison de la corporation des Laboureurs de 1626)
Ce bel édifice de la Renaissance, à l’impressionnant portail sculpté, était le lieu de réunion de la puissante corporation des agriculteurs.
Le magnifique portail Renaissance du Poêle des Laboureurs
Grand Rue
La Maison des Arcades (ancien presbytère protestant) :
Situé à côté du temple Saint Matthieu, ce magnifique bâtiment renaissance construit en 1606, était le lieu d’habitation du pasteur. Deux oriels d’angle, encadrant les trois étages donnant sur la Grand’rue.
Quartier des Tanneurs
Rue des Tanneurs :
Les hautes maisons à pans de bois, pour la plupart des XVIIe et XVIIIe siècles, ont abrité autrefois les tanneurs qui séchaient leurs peaux au dernier étage, dans des greniers encore visibles.
Place de l’Ancienne Douane :
On peut y admirer la fontaine Schwendi, construite par Bartholdi et dédiée à Lazare de Schwendi qui commanda l’armée impériale contre l’armée de Soliman le Magnifique, en Hongrie. La légende raconte qu’il en rapporta le Tokay, l’un des cépages les plus réputés en Alsace. Belles maisons alsaciennes sur la place.
Le Koïfhus, Ancienne Douane (Kauf Haus) :
Sur la Grand Rue et la place de l’Ancienne Douane.
Siège administratif et économique de la ville, il était le lieu de transit et de dépôt de toutes les marchandises importées.
Le premier bâtiment, à l’entrée surmontée de l’aigle bicéphale, date des années 1480. Le second, est du XVIème siècle, et comporte un très bel escalier renaissance qui mène à la salle de la Décapole (association de dix villes libres alsacienne). Classé aux MH depuis 1974.
Le Koïfhus, façade sur la Place de l’Ancienne Douane
La Maison Kern :
Elle est une des plus belles maisons de la Renaissance alsacienne, bien que moins connue que la maison Pfister ou la maison des Têtes.
Construite en 1597, elle est imposante et domine la place du Marché aux Fruits du haut de ses cinq étages séparés par des corniches. Son superbe pignon à volutes et pinacles est caractéristique de la seconde moitié du XVIe siècle.
La Maison dite des Chevaliers de Saint-Jean :
Bâtie en 1608, la maison, qui ressemble à un palais vénitien, et porte un nom dont la référence à l'ordre des Chevaliers de Saint Jean est inexacte.
Quartier de la Poissonnerie
Quai de la Poissonnerie :
On peut y admirer, le long de la Lauch, l’un des plus beaux ensembles de maisons à colombages de la ville.
Depuis le Moyen Age, les poissons pêchés dans les cours d’eau colmariens étaient vendus par les pêcheurs le long du quai de la Poissonnerie.
Maisons à colombages le long de la Lauch
Quartier de la Krutenau
La Petite Venise !
Elle doit son nom à l'alignement original des maisons de part et d'autre de la rivière Lauch et est située au cœur du quartier de la Krutenau.
Quelques personnages célèbres :
Martin Schongauer, illustre peintre et graveur de la proto-Renaissance
Frédéric Auguste Bartholdi, artiste sculpteur, auteur notamment de la statue de la Liberté à New York et du Lion de Belfort
Reproduction (12 mètres) de la statue de la Liberté à l’entrée Nord de Colmar ; cette réplique a été érigée pour la commémoration du centenaire de la mort de Bartholdi.
La statue originale fut offerte par la France, en signe d'amitié entre les deux nations, pour célébrer le centenaire de la déclaration d'indépendance américaine. Elle est inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1984.
Hansi, peintre, dessinateur et caricaturiste.
Sources :
Office du Tourisme de colmar :
Wikipedia