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Histoire de l’Abbaye de Beaulieu
XIIème siècle
Roman et Gothique
Classé MH
L’abbaye, fondée en 1144 dans la vallée de la Seye par Adhémar III, évêque de Rodez, est rattachée à l’ordre cistercien dont elle présente les caractéristiques architecturales : des bâtiments à l’appareillage soigné et au décor épuré, sont répartis selon un plan immuable.
Les modestes bâtiments d'origine sont reconstruits au XIIIème siècle et on canalise la Seye pour alimenter les viviers. Habitations, salle capitulaire et réfectoire seront reconstruits avant 1250.
La reconstruction de la première église, probablement détruite par des routiers pendant la croisade des Albigeois, sera entreprise à partir de 1275.
L’église abbatiale
La façade est ornée par une rose à sept pointes ainsi que par un portail orné de personnages sculptés révélant l’époque de l’achèvement du chantier au début du XIVème siècle.
Une des roses à sept pointes en façade
La nef, à l’élan remarquable et aux grandes baies étroites (8 mètres de haut), d’un gothique très pur, est de la deuxième moitié du XIIIème siècle. Le dépouillement caractérise l’architecture cistercienne.
La nef de l’église abbatiale
La croisée du transept montre une belle voûte d’ogives à huit quartiers éclairés par quatre roses.
Le chœur est éclairé par sept baies, complétées par trois roses aux extrémités de la nef. Il y a donc en tout, sept roses, chiffre de la symbolique chrétienne.
Dans la chapelle sud une porte en hauteur était empruntée pour les offices de nuit et un hagioscope* permettait aux moines souffrants de suivre les offices à distance..
La salle capitulaire, XIIIème siècle, est la plus ancienne salle de l’ensemble abbatial ; elle présente un caractère plus archaïque.
Le cloître, XIVème siècle, aujourd’hui disparu est symbolisé au sol par une bande pavée au sol.
Les bâtiments conventuels
Ils étaient réservés aux moines pour leur vie quotidienne et spirituelle.
Le bâtiment des convers*
Au Moyen Age, un passage, nommé la ruelle des convers, le reliait à la nef de l’abbatiale ; ils pouvaient ainsi assister aux offices à l’écart des moines.
Le cellier gothique (2ème moitié du XIIIème siècle) est resté intact. Couvert de dix croisées d’ogives*, reposant au centre sur quatre piliers ronds aux chapiteaux ornés de feuilles plates stylisées (roseaux ?) caractéristiques de l’ornementation dépouillée cistercienne.
L’Abbaye de Cîteaux fut fondée dans un lieu marécageux couvert de roseaux ; le cistel (roseau) donna son nom à l’abbaye.
Feuilles de roseaux stylisées sur les piliers du cellier
Au XVIIème siècle, la nomination directe d’un abbé par le roi (commende*) ne respecte plus le principe d’élection préconisé par la règle et précédera une lente désaffection de l’abbaye.
L’abbaye est vendue comme bien national en 1791, devient une exploitation agricole et l’église léguée à la ville de Saint-Antonin-Noble-Val, doit y être déplacée pierre par pierre. Grâce à Prosper Mérimée, le projet est abandonné et l’abbatiale est classée monument historique en 1875.
A partir de 1959, Pierre BRACHE et Geneviève BONNEFOI, propriétaires de l’abbaye, ont entrepris sa restauration avec l’aide de l’Etat. Ils lèguent en 1973, leur collection d’œuvres ainsi que l’abbaye à la Caisse nationale des monuments historiques et des sites.
L’abbaye de Beaulieu-en-Rouergue, propriété de l’État, est, comme de nombreux monuments, gérée, animée et ouverte à la visite par le Centre des Monuments Nationaux.
Maquette de l’Abbaye telle qu’elle est actuellement.
*hagioscope :
C’est, en architecture, une ouverture (ou oculus) aménagée dans un mur intérieur ou extérieur d'un sanctuaire catholique permettant aux personnes situées à l'extérieur de cet espace de suivre la célébration avec une vue sur l'autel. L'ouverture aménagée de façon à permettre aux personnes de ne pas être vues des assistants ou des célébrants, est souvent construite de façon oblique.
*commende :
Dans le régime de la commende, un abbé (ou un prieur) commendataire est un ecclésiastique, ou quelquefois un laïc, qui tient une abbaye (ou un prieuré) "in commendam", c'est-à-dire qui en perçoit personnellement les revenus, et qui, s'il s'agit d'un ecclésiastique, peut aussi exercer une certaine juridiction sans toutefois exercer la moindre autorité sur la discipline intérieure des moines.
*convers :
Dans l'usage courant, les frères lais (appelés aussi convers pour les moines et sœurs laies ou converses pour les moniales) sont les membres des ordres religieux catholiques chargés principalement des travaux manuels et des affaires séculières d'un monastère.
*croisée d’ogive :
La croisée d'ogives est, avec l'arc-boutant, un élément d'ossature particulier à l'architecture gothique. Les croisées d'ogives correspondent aux diagonales formées par l’intersection de deux voûtes en berceau.
Visite de Beaulieu-en-Rouergue
L’abbatiale
La façade avec la rose à sept pointes et des personnages sculptés de chaque côté
D’autres personnages sculptés sur la façade
Abbatiale : la croisée du transept,
voûte d’ogives à huit quartiers rayonnants éclairés par quatre roses
L’une des quatre roses de la voûte d’ogives
Le chœur et les baies en forme de lancettes
La Chapelle Nord et le Portail des Morts
Le Portail des Morts
La Chapelle Sud
A droite, la porte en hauteur menant au dortoir que les moines empruntaient pour les offices de nuit ; la petite ouverture rectangulaire à sa droite est le hagioscope* qui permettait à ceux qui étaient souffrants de suivre les offices à distance.
Les vitraux sont en verre blanc pour évoquer leur aspect d’origine aux motifs gris et non colorés : pour les cisterciens l’architecture comme les ornements doivent être sobres et simples, car rien ne doit détourner la pensée de l’idée de Dieu.
Vue de l’intérieur, l’une des roses à sept pointes de la façade
La salle capitulaire
Les moines s’asseyaient sur les bancs en pierre autour de la salle, lieu où se rassemblait chaque jour toute la communauté.
Capitulaire vient du mot latin capitulum, qui veut dire tête ou chapitre car c'est ici qu'était lu chaque jour par les moines un chapitre de la règle de Saint Benoit de façon à connaître les règles du monastère. On y examinait également les manquements à la règle et on y donnait les réprimandes et les pénitences, d’où l’origine du verbe « chapitrer » : réprimander un religieux en plein chapitre et par extension réprimander une personne.
D’autres vues de la salle capitulaire
La Salle Capitulaire, vue de l’ancien emplacement du cloître
La bande pavée au sol symbolise l’ancien emplacement du cloître
Le magnifique cellier gothique
Autre vue du cellier gothique
Plafond de l’ancien dortoir des convers
Le grand vivier
Par cette très chaude journée d’août, Memphis apprécie l’ombre et la fraîcheur du grand vivier
Sources :
Abbaye de Beaulieu-en-Rouergue
http://www.beaulieu-en-rouergue.fr/
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