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Le Haut-Koenigsbourg a été construit sur un éperon rocheux orienté ouest-est ; ses murailles épousent les formes des rochers et entourent un domaine qui s’étend sur 270 mètres de long et 40 mètres de large.
Le point faible du château étant le côté ouest de la crête, on construisit un bouclier pour défendre le logis : le Grand Bastion ; une protection supplémentaire pour le logis était assurée par le jardin supérieur qui le masquait.
La dernière protection était le bastion en étoile aux murs moins hauts car devant servir à protéger le château contre des tirs d’artillerie venant d’emplacements situés plus à l’est et en contrebas de l’éperon rocheux.
Commençons la visite :
La Porte d'Entrée
Franchissons la porte d’entrée aux armes des Tierstein ; ces armes sont dites « parlantes » : c’est-à-dire que les emblèmes sont choisis pour former un rébus qui reconstitue le nom de la famille ; le blason des Tierstein représente un animal sur une pierre car en allemand Tier signifie animal et Stein signifie pierre ; après la porte d’entrée, on peut voir à droite une tour dite « ouverte à la gorge » ; cette disposition évitait que l’ennemi s’y retranche s’il parvenait à s’en emparer.
Le Logis
On peut voir la façade du logis depuis le passage entre la porte d’entrée et le Portail d’Honneur : les oriels avec à leur gauche des latrines et encore plus à gauche la partie romane avec la fenêtre géminée du XIIème siècle qui a été murée.
La façade du logis
Le Portail d’Honneur
En face, le Portail d’Honneur situé à l’emplacement d’une ancienne porte, défendu par une herse et qui donne accès au château ; sur ce portail figurent les armoiries superposées de Charles Quint ainsi que celles des Hohenzollern pour l’empereur Guillaume II.
Le Portail d’Honneur avec les armoiries, les millésimes du chantier 1900-1908 ainsi qu’une inscription dont la traduction est :
« ce château a été restauré par Guillaume II roi de Prusse et empereur des Allemands »
La cour basse
Après la herse, nous pénétrons dans la cour basse entourée par les bâtiments assurant l’autonomie du château : écuries, forge, hôtellerie, etc. Au milieu, une fontaine dont l’original du XVème siècle se trouve à Eguisheim. L’un des bâtiments est surmonté d’un moulin à vent réduit objet de polémiques même si l’on sait qu’un moulin à vent bien réel existait à l’époque.
L’unique accès du logis se fait par la tour mais il faut emprunter un escalier aux nombreuses marches irrégulières, protégé par des meurtrières, franchir quatre portes aux battants lourdement ferrés et cloutés, ce qui retardait leur destruction par les haches des assaillants ; un pont-levis, un fossé dominé par des trappes, des meurtrières, une bretèche ; puis une cinquième et dernière porte, la Porte des Lions du XIIème siècle ; voilà les défenses ultimes avant l’accès au logis.
Protégée par un pont-levis au dessus d’un fossé et par une poivrière : la Porte des Lions, dernier obstacle avant l’accès au logis
La cour intérieure
Après avoir passé « avec succès » toutes ces défenses, nous voici dans la cour intérieure ; sur le côté sud, des galeries de bois ont été reconstituées en fonction des consoles de pierre existantes ; les peintures murales qui les ornent représentent les Neuf Preux et s’inspirent des fresques du château suisse de Valère à Sion.
Un citerne carrée approvisionnée notamment par la pluie ruisselant des toitures est recouverte d’un petit toit surmonté d’une sirène ; ce toit a été ajouté par l’architecte Bodo Ebhardt qui s’est représenté un compas à la main sur l’un des piliers d’angle.
Le puits, le cellier et les cuisines
Le château possédait également un puits, vital en cas de siège et creusé au Moyen Age à une profondeur de 62 mètres au bord de l’éperon rocheux ; le développement de l’artillerie ayant rendu l’endroit vulnérable, une tour fortifiée fut construite après 1569 pour le protéger ; ce puits a fait partie de la restauration du château.
Un passage donne accès côté nord au cellier dont la longueur indique la largeur de l’éperon rocheux sur lequel le château est construit ; ce cellier qui servait à stocker les réserves de vivres, accueille aujourd’hui une exposition sur la restauration du château ; on pénètre ensuite dans les vastes cuisines encore conservées avant la restauration ; cet espace voûté comporte deux grandes cheminées et un évier en pierre ; on peut y voir un foudre de 80 hl daté de 1670, offert à Guillaume II.
L’escalier polygonal
Il permet l’accès au donjon ainsi qu’aux escaliers à vis nord et sud desservant les pièces du logis. Sa restauration au début du XXème siècle est basée sur des notes du XVIème siècle et sur les pierres encore présentes ; l’accès d’origine du donjon était placé en hauteur pour des raisons défensives. Au-dessus de la porte actuelle figurent les armes des Tierstein.
L’escalier polygonal et les armoiries des Tierstein au-dessus de la porte
Le donjon ou bergfried (62 mètres de haut)
Démoli au XVIème siècle sur la hauteur de deux piques (de 10 à 12 mètres) et reconstitué par Bodo Ebhardt dans sa forme carrée d’origine comme le montraient ses fondations ; il n’a pas pu être visité, des travaux d’entretien étant en cours.
Le front méridional de la forteresse et le donjon dominant la plaine d'Alsace, vus du Grand Bastion
La visite du logis commence par le second étage
La chambre et l'antichambre de l'impératrice (côté nord)
Les murs sont lambrissés pour une meilleure isolation ; les meubles sont d'époque. Dans l’embrasure d’une fenêtre, un coussiège : banc, ici en bois, ou en pierre construit avec les murs, pour pouvoir profiter de la lumière rare dans les châteaux défensifs. Pour se chauffer, une cheminée ornée de blasons et un poêle reconstitué, utilisant dans sa partie inférieure deux plaques de fonte trouvées lors des fouilles
La Chambre de l’Impératrice, murs lambrissés, poêle de fonte pour affronter l’hiver confortablement
La Salle du Kaiser ou Salle des Fêtes (côté ouest)
Aménagée et décorée au début du XXème siècle, cette salle évoque l'histoire du château. La pièce a été agencée ainsi au moment de la restauration et plusieurs éléments indiquent qu'aucune pièce de ce genre n'existait auparavant.
Elle est le témoignage des ambitions impériales du Kaiser en Alsace : faire du château un musée consacré à la période médiévale germanique et légitimer son pouvoir sur l’Alsace annexée.
L’impressionnante décoration du plafond et des murs est l’œuvre de Léo Schnug :
- Au plafond on peut admirer la peinture d'une aigle* impériale avec la devise "Gott mit uns" (Dieu avec nous). Sur ses ailes, se trouvent les armoiries des électeurs du Saint-Empire romain germanique et sur son cœur, celles des Hohenzollern ; du centre de ce blason, pend un lustre orné d’un trophée de cerf.
* aigle au féminin : nom employé en héraldique
- Sur les murs, des fresques relatent le siège du château en 1462, illustrent des aspects de la vie médiévale avec tournois, seigneurs et gentes dames ; la hotte de la cheminée est ornée d’une représentation de Saint Georges terrassant le dragon ; les blasons des villes impériales alsaciennes sont également rappelés ; les murs sont recouverts de lambris sculptés.
La salle possède également une tribune destinée à des musiciens qui indique la hauteur initiale des pièces : l'architecture en pierre, la présence du poêle et de la cheminée montrent qu'à l'origine cette pièce était composée de deux étages et plusieurs pièces. C’est Guillaume II qui a voulu sa disposition actuelle pour montrer la puissance de l’Etat allemand.
Un très beau poêle en céramique vernissée : l’un des spécimens qui ornent les différentes pièces du château.
L’aigle impériale au plafond de la Salle du Kaiser et le lustre fait avec un trophée de cerf
La Chambre Lorraine
Son mobilier a été offert à l’empereur par les Lorrains, d’où le nom ; elle est ornée d’un magnifique plafond sculpté auquel un graoully datant de 1439 est suspendu ; ce graoully représente un dragon qui fait partie du folklore de Metz.
La Chambre Lorraine, son magnifique plafond sculpté et le « graoully » qui y est suspendu
La Tribune de la Chapelle
Située au second étage, elle est accessible par l’escalier à vis du logis sud ; de la tribune on peut admirer au-dessus de l’autel, une peinture montrant un chevalier Tierstein au pied du Calvaire.
Les Appartements les plus confortables du Château
A côté de la tribune de la Chapelle, ils sont orientés au sud, pourvus de latrines et l’accès de leurs pièces se fait soit en enfilade soit une par une par la galerie extérieure.
En passant de pièce en pièce, on peut admirer les poêles en céramique reconstitués à partir des carreaux trouvés lors des fouilles sur place ; seul le poêle jaune est une copie mais qui a été réalisée à partir de carreaux de céramique trouvés lors des mêmes fouilles.
L’ameublement est médiéval pour les coffres et les lits et Renaissance pour les armoires.
Dans l’une des pièces un imposant poêle de faïence verte et une armoire Renaissance
Puis la visite se poursuit au 1er étage
La Chapelle
Elle occupe deux niveaux avec une tribune au second étage (vue plus haut) permettant d’accueillir plus de personnes ; au-dessus de la peinture au-dessus de l’autel et citée précédemment, on peut y voir un vitrail représentant le chevalier Reinhardt de Sickingen ; copie par E. Stritt d’un vitrail de 1499 fait par F. Geiges.
La Salle des Trophées de Chasse
Là aussi Léo Schnug a orné les murs avec talent notamment avec une représentation du miracle de Saint Hubert : le saint devant l’apparition du cerf portant une croix entre ses bois ; un beau poêle en faïence est là pour le confort avec peintes sur le mur à sa gauche les armes des Tierstein.
La Salle des Trophées de Chasse, le beau poêle et les armes des Tierstein
La Salle d’Armes
C’est l’ancienne salle médiévale de banquet, transformée par la volonté du Kaiser en musée de l’armement au Moyen Age ; cette superbe salle lambrissée abrite une collection d’épées, lances, haches, hallebardes, arbalètes…, des armures ainsi que des armoiries liées à l’histoire.
A admirer également des peintures murales, sur les caissons du plafond, des sculptures sur les lambris, des vitraux et enfin un magnifique poêle en faïence assorti d’un banc à droite qui est la copie d’un modèle du XVIème siècle et a été réalisé en 1907 à Nuremberg.
Lambris, peintures murales, armures dans la Salle d’Armes
Le Jardin supérieur
On y accède depuis le logis par un pont-levis enjambant le fossé ouest profond de 7 mètres ;
Un mur avec chemin de ronde clôture le jardin ; de l’autre côté, en contre-bas, se trouvent les Lices nord.
Le Jardin Supérieur
Le Grand Bastion
La défense du château montrait une faiblesse car la configuration de la crête donnait la possibilité aux assaillants d'approcher leurs canons par l'ouest ; la construction du grand bastion fut donc entreprise pour servir de bouclier et assurer la défense du logis.
Ce massif consacré à la défense est composé de deux tours de 30 mètres aux murailles épaisses de 7 mètres (la tour sud a une épaisseur à la base de 9 mètres) qui étaient dotées d’un armement de 12 grosses pièces d’artillerie et de 66 petites, d’un mur bouclier central et d’une plate-forme d’artillerie ; cette plate-forme est maintenant équipée de copies de canons montrant l'évolution de l'artillerie du XVème au XVIIème siècle.
Ces tours offrent par leurs ouvertures, une vue imprenable sur la Plaine d’Alsace et les Vosges ; on peut voir également sur les sommets voisins les châteaux d’Ortenberg et de Frankenbourg ainsi que les vallées où passaient les convois marchands ce qui nous fait comprendre le rôle stratégique du château à l’époque.
Le Grand Bastion a été le résultat de campagnes successives de constructions et d’aménagements ; la restauration des créneaux et mâchicoulis a été entreprise Guillaume II.
On accède au Grand Bastion du Jardin supérieur par un pont-levis et une porte.
Le Grand Bastion, vu entre la Porte d’Entrée et le Portail d’Honneur
Les Casemates
En sortant du Grand Bastion, on passe par les casemates qui servaient à abriter la troupe ou du matériel.
Les Lices Nord
On y accède depuis les casemates par un escalier récent ; elles sont bordées par le mur d’enceinte surmonté d’un chemin de ronde couvert et par le rocher qui sert d’assise aux murs du jardin supérieur.
L’imbrication intime du rocher et de la construction est particulièrement frappante ici.
Depuis les Lices nord on peut voir les oriels sur la façade du logis, des latrines et la partie romane de l’édifice dont subsiste une fenêtre géminée murée au XIIème siècle.
On peut voir aussi l’énorme contrefort destiné à contrebuter la construction : l’apparition de fissures fragilisant le donjon et le logis ont obligé l’architecte Bodo Ebhardt à le faire édifier.
Les Lices nord :
A droite le mur d’enceinte surmonté d’un chemin de ronde couvert et au fond la tour nord du Grand Bastion et l’escalier d’accès aux lices
Le donjon impressionnant vu des Lices Nord et l’étroite imbrication du socle rocheux de grès rose avec la construction
A voir :
Les photos du patient travail ee reconstruction et de restauration du château : ICI
Sources :
Site du château :
http://www.haut-koenigsbourg.fr
Arte – les 10 ans :
DNA, article tempête Joachim :
Wikipedia
Kastel Elsass
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