• L'Oeuvre de Vauban

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    Patrimoine Mondial de l’Unesco « Fortifications de Vauban »

     

    UNESCO Patrimoine Mondial de l'Humanité

     

    Le 7 juillet 2008 à Québec, ont été inscrites au Patrimoine Mondial de l'Humanité les citadelles suivantes :

    Arras, Longwy,Neuf-Brisach,Besançon, Briançon, Mont-Dauphin, Villefranche-de-Conflent, Mont-Louis, Blaye/Cussac-Fort-Médoc, Saint-Martin-de-RéCamaret-sur-mer, Saint Vaast-la-Hougue.

    Ces 12 sites représentent le génie de Vauban et la valeur universelle exceptionnelle de son œuvre.

     

    L’argumentaire retenu pour ce classement dit notamment : "Chaque site fortifié de la série représente des caractéristiques spécifiques complémentaires aux autres, lui permettant d’être représentatif d’une facette de l’œuvre fortifiée de Vauban."

    C’est-à-dire :

      * L’évolution de ses conceptions défensives ;

      * Une déclinaison géographique complète (sites de plaine, de bord de mer et de montagne) ;

      * Le type d’ouvrage : ville neuve, tour, fort, enceinte urbaine ou citadelle ;

      * La transformation d’ouvrages préexistants ou la création de forteresses neuves.

     

    Qui était Sébastien Le Prestre, marquis de Vauban ?

     

    Sébastien Le Prestre marquis de Vauban

    Sébastien Le Prestre, marquis de Vauban

     

    Blason du marquis de Vauban

    Armes de Vauban

     

    Paradoxalement, Vauban commence sa longue carrière en affrontant les armées du roi Louis XIV, puisqu’il fait partie du camp des « frondeurs » avec les armées du prince de Condé. Mais le cardinal de Mazarin le remarque vite et le persuade de servir Louis XIV. Il est âgé de vingt ans.

    Vauban va ainsi participer à plus d’une dizaine de sièges et être blessé plusieurs. A vingt-deux ans, il devient ingénieur du roi. Son expérience le fait réfléchir aux procédés de l'attaque des places qui lui semblent trop coûteux en hommes ; il va également améliorer les règles de la fortification en préconisant l'adaptation du tracé bastionné au terrain et l'échelonnement de la défense en profondeur.

    Les sièges de Tournai, Douai et Lille, pris sous les yeux du roi en seulement 9 jours de tranchées, confirment sa notoriété. Désormais sa réputation de preneur de villes est établie. Le roi lui confie l'édification de la citadelle de Lille qu'on appellera plus tard la « Reine des citadelles ».

    La guerre contre la Hollande conduit Vauban à exhorter le roi et Louvois à faire ce qu'il appelle «son pré carré» : réduire le nombre de ses places pour ne conserver que les plus fortes qui ne sont pas isolées en territoire ennemi. Il recommande alors une double ligne de places fortes, qui en barrant la plaine des Flandres, vont protéger efficacement le royaume. C’est cette «frontière de fer» qui va protéger le royaume de ses ennemis pendant longtemps.

     

    Les fortifications de Vauban en France

    La France fortifiée par Vauban

     

    Pour construire ce réseau défensif, Vauban prend en compte non seulement la configuration du terrain mais aussi les obstacles naturels comme les montagnes, le tracé du littoral, les fleuves, avec pour ces derniers une attention particulière au débit et aux crues et chaque construction, existante ou nouvelle, est adaptée au site. Il rédigeait ensuite à chaque fois, un rapport détaillé résumant ses observations sur les difficultés et le potentiel de chaque site.

    La victoire du siège de Maastricht va lui permettre d'illustrer sa nouvelle méthode d'attaque des places et de montrer que cette méthode économise la vie des soldats et des ingénieurs. Car Vauban dénonce le travers des soldats de l'époque à s'exposer inutilement par bravade. D'Artagnan trouvera  la mort à ce siège en attaquant à découvert un bastion ennemi.

    A partir de 1679 et pendant 10 ans, il va parcourir la France du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest. Il va ainsi inaugurer à Besançon son "deuxième système" fortifié. C’est une seconde ligne de défense dite de secret qui est destinée à protéger la ville, la première enceinte pourvue de demi-lunes et de bastions détachés est, elle, destinée à l'action lointaine.

     

    Il se rendra ensuite dans les Alpes pour renforcer les villes fortifiées et en créer d’autres, en Bretagne où envoyé par le roi, il organise la défense contre le débarquement anglo-hollandais à Camaret dans le but de détruire l’arsenal de Brest (voir La Tour Dorée de Camaret-sur-Mer) ; puis il se rend dans l’est pour fortifier l’Alsace où il créera à Neuf-Brisach son « troisième système » fortifié, une défense sur plus centaines de mètres assortie d’ouvrages en profondeur se succédant.

     

    Type de fortifications à la Vauban

    Exemple type de fortifications de Vauban

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    Sa nomination en qualité de maréchal de France en 1703, vient couronner une carrière passée toute entière au service de son roi et de la France.

    Vauban continue de parcourir la France en tous sens ce qui l’oblige à effectuer des milliers de kilomètres par an ; durant sa vie, dont 53 ans au service du roi, il aura parcouru environ 180 000 km ce qui, sur les routes de l'époque et avec les moyens de locomotion d'alors, représente une performance remarquable et en a fait un exceptionnel témoin de son temps et de la situation dans du royaume sous le règne de Louis XIV. Ce grand voyageur pour son travail avait paraît-il inventé une chaise de poste suffisamment grande pour pouvoir y travailler avec son secrétaire pendant les 30 à 35 kilomètres parcourus la journée. 

    Epuisé par la fatigue des voyages sur de mauvaises routes, le fracas des combats et surtout par la bronchite chronique qui l’a affecté toute sa vie, Vauban s'éteint le 30 mars 1707 dans sa maison de Paris.

    Napoléon 1er qui l’admirait énormément, fit transporter son cœur en 1808 dans l'église du Dôme des Invalides à Paris où il repose dans un mausolée érigé en vis-à-vis de celui du Maréchal de Turenne ; il fait partie avec les plus grands maréchaux de France de ceux qui entourent le tombeau impérial.

     

    L’apport de Vauban : l’art de l’attaque et de la défense des places

     

    L'apparition du boulet métallique dans la deuxième moitié du XVème siècle rend l'artillerie beaucoup plus performante et les solutions traditionnelles de la fortification ne sont plus suffisantes même en essayant de construire, comme à Salses, des murailles encore plus épaisses, les sièges causent de grandes pertes humaines pour assaillants et assiégés.

    Le génie de Vauban sera de définir une méthode pour surmonter ces difficultés et économiser les vies humaines et le temps. Mais son œuvre la plus remarquable est certainement de rationaliser sa méthode d'attaque des places, à laquelle il apporte trois innovations majeures.

    Première innovation :

    - Creuser une première tranchée parallèle au front de fortification, hors de portée de canon des ennemis et suffisamment large pour servir de place d'armes ;

    - Puis tracer plusieurs boyaux dans l'axe des bastions que l'on veut attaquer parce que moins résistants, en zigzag pour éviter les tirs d'enfilade et que l’on réunit par une seconde «parallèle». On y installe des batteries de canons pour neutraliser l'artillerie ennemie et faire brèche dans les murailles de la place.

    - Enfin de nouvelles tranchées en zigzag s'avancent pour déboucher sur la troisième parallèle au contact du chemin couvert de la place qui est la première ligne de défense de l'assiégé. De là, les troupes de l'assaillant une fois réunies s'élancent à l'assaut. Une fois descendues dans le fossé, elles peuvent s'engouffrer dans la brèche créée par l'action des canons ou de la mine.

    Deuxième innovation :

    - Des levées de terre, appelées "cavaliers de tranchées", permettent aux assaillants de dominer les positions de tir des assiégés, de les refouler à la grenade vers le corps de place, s'emparer du chemin couvert et les contraindre à la capitulation.

    Troisième innovation : le «tir à ricochet»

    On dispose les pièces de manière à prendre en enfilade la batterie adverse située sur le bastion attaqué ; en employant de petites charges de poudre, un boulet peut avoir plusieurs impacts et en rebondissant balayer d’un seul coup toute une ligne de défense au sommet d’un rempart, canons et servants à la fois.

    Evidemment, Vauban va inventer simultanément une protection pour ses propres fortifications ; ses chemins couverts et ses bastions sont équipés de traverses perpendiculaires aux remparts afin d'interdire les ricochets et le tir de travers en enfilade.

     

    Méthode d'attaque d'une place par Vauban, les tranchées parallèles

    Méthode d’attaque d’une place assiégée : les tranchées parallèles

     

    Cette forme classique du siège "à la Vauban" restera en usage jusqu'au milieu du XIXème siècle.

    Vauban dresse en 1705 un état des places fortes du royaume ; c’est le bilan de son œuvre bâtie suivant ces principes : «119 places ou villes fortifiées, 34 citadelles, 58 forts ou châteaux, 57 réduits et 29 redoutes, y compris Landau et quelques places qu’on se propose de rétablir et de fortifier.»

    Mais Vauban n’est pas seulement un génie de la fortification de défense et de siège, il est aussi l’archétype de "l'honnête homme du XVIIème siècle". Toute sa vie il rédigera de nombreux traités dans des domaines aussi divers que les sciences, l'économie, l'agriculture ou la stratégie.

    Il écrira aussi un mémoire sur le rappel des huguenots en exhortant Louis XIV à revenir sur la révocation de l'édit de Nantes au nom de la liberté de conscience mais aussi pour des considérations économiques utiles pour la France.

    La rédaction d’un traité prévoyant la création d'un nouvel impôt plus équitable, la "dîme royale", qui remplacerait tous ceux existants, fera qu’une cabale sera organisée contre lui et son livre condamné et saisi.

     

    Usé par le travail et par cette infection des poumons dont il se plaignit toute sa vie, Vauban meurt à Paris le 30 mars 1707 d’une pneumonie. Il sera enterré à Bazoches dans son cher Morvan, mais Napoléon 1er intervint pour que son cœur soit conservé dans la crypte sous le Dôme de l’Hôtel des Invalides à Paris.

    Le monument représentant Vauban et dans lequel son cœur est conservé, est depuis 1808 en face de celui de Turenne avec ceux des autres maréchaux de France, dans les chapelles entourant le tombeau de l’Empereur.

     

    Sources :

     

    Patrimoine Mondial Unesco : Fortifications de Vauban

    http://whc.unesco.org/fr/list/1283/

     

    Réseau des sites majeurs de Vauban

    http://www.sites-vauban.org/

     

    Association Vauban

    http://www.association-vauban.fr

     

    Wikipédia

    http://fr.wikipedia.org

     

    Le dictionnaire visuel

    http://www.ikonet.com/

     

    Dôme des Invalides

    http://fr.wikipedia.org/wiki/H%C3%B4tel_des_Invalides

     

    Château de Bazoches, la demeure de Vauban

    http://www.chateau-bazoches.com/accueil.htm