• Abbaye de Montmajour

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    Histoire de l’Abbaye Saint-Pierre de Montmajour 

     

    Construction : Xème siècle – XVIIème siècle

    Architecture : Romane et Gothique

    Classée MH

     

    L'abbaye Saint-Pierre de Montmajour est fondée en 948 par des moines bénédictins, sur un rocher entouré de marais à environ quatre kilomètres au nord-est d'Arles dans les Bouches-du-Rhône et placée en 963 sous l’autorité directe du pape Léon VIII. Elle devient au XIème siècle la nécropole des comtes de Provence, qui inhumés dans la crypte, seront ensuite transférés au XIIème siècle dans le cloître.

     

    Abbaye de Montmajour cloître la galerie est enfeu Bouches-du-Rhône

     L’enfeu* des comtes de Provence, au fond dans la galerie est du cloître

     

    Deux périodes de construction aux XIème et XIIème siècles pour édifier l'église abbatiale Notre-Dame, dont la crypte et la partie nord sont construites en premier puis deux autres chapelles au nord seront ajoutées au XVème siècle.

    L’ensemble, contemporain de la cathédrale Saint-Trophime d'Arles, a été peu affecté par les restaurations entreprises à partir du XIXème siècle.

     

    L’abbatiale Notre-Dame

     

    La crypte Saint-Benoît, ou église basse, s’adaptant à la configuration du terrain, est presque entièrement troglodyte côté sud, et s’appuie à l’opposé sur de fortes substructions. Elle sert de fondation au monastère.

    Cette construction au plan concentrique unique en Provence, est composée d’un transept, avec deux absidioles orientées, qui ouvre sur une rotonde centrale entourée d'un déambulatoire desservant cinq chapelles rayonnantes ; chacune d’entre elles se trouve dans un saillant rectangulaire de la couronne extérieure polygonale et reçoit les premières lueurs du jour par une fenêtre-meurtrière dans l’axe de l’autel.

    L'extrême qualité de l'appareillage est admirable mais cet art hérité du mode de construction des grands monuments gallo-romains provençaux, est particulièrement visible dans le transept ; les fondations massives de ce dernier côté nord, sont remarquables par la spectaculaire inégalité de largeur des quatre arcs-doubleaux supportant les voûtes. Leur épaisseur a une importance croissante, du sud où le premier arc, ancré dans le roc, n'a qu'un mètre de large à l'extrême nord où le dernier a une largeur de trois mètres quatre-vingts.

    La crypte Saint-Benoît est l’un des chefs-d'œuvre architecturaux de Montmajour.

     

    L'église haute est caractéristique de l'architecture romane provençale à son apogée au milieu du XIIème siècle avec un plan simple, une plénitude des volumes, la puissance des murs doublés de profondes arcatures et l’élégance des voûtes en berceau.

    Cette vaste église à nef unique de presque 14 mètres de large devait à l’origine avoir cinq travées mais seulement deux furent construites par manque d’argent. Son abside, semi-circulaire, dont le diamètre est égal à la largeur de la nef, présente une remarquable couverture en cul-de-four* magnifiquement appareillée.

    Pour se protéger du terrible Mistral et ne pas affaiblir les murs nord édifiés sur la crypte, la façade nord est entièrement aveugle et les trois larges baies en plein cintre ébrasées vers l'intérieur qui éclairent le chœur, sont disposées asymétriquement de part et d'autre de l'axe médian : deux au sud-est, l'autre au nord-est.

     

    Le cloître et les autres bâtiments conventuels

     

    Le cloître, centre de la vie monastique, dessert et relie tous les bâtiments de la vie conventuelle.

    Celui de l’abbaye, rectangle de 24 mètres sur 27, a des galeries spacieuses de 4,30 mètres de large, qui entourent une cour abritant une citerne recueillant l'eau de pluie collectée par l'impluvium formé par des dalles de toiture imbriquées ; un puits, placé contre l’un des côtés et non au centre, donne l’accès à l’eau de la citerne.

    Côté Est se trouve le chapitre ou salle capitulaire. L’abbé entouré des moines y lisait chaque jour un chapitre de la Règle de Saint Benoît. Dans cette pièce se déroulaient les événements importants de la vie communautaire : élection de l’abbé, prise d’habit, gestion des biens…

    Et lors du chapitre des coulpes, la reconnaissance de leurs fautes par les moines.

    Côté Sud, se trouve le réfectoire, voûté en berceau surbaissé, surmonté par l’ancien dortoir collectif auquel on accédait par un escalier à vis, aujourd’hui ruiné. Ce dernier fut divisé en petites chambres au XVIIème siècle.

    A l’Ouest, les bâtiments médiévaux, cellier, cuisine, four à pain, bibliothèque et hôtelleries, ont été détruits en 1704 pour laisser place aux nouvelles constructions des religieux de Saint-Maur et la galerie Ouest fut alors réaménagée.

    L’ensemble du cloître édifié en pierres de taille est dominé par le clocher du XIIème siècle, sur les murs duquel subsiste le décor classique d’une horloge mécanique placée au XVIIème siècle.

     

    Le monastère Saint-Maur

     

    Un réfectoire, un dortoir, une bibliothèque et un logis pour les hôtes sont édifiés à l’ouest par la congrégation de Saint-Maur à partir de 1703 par l’architecte avignonnais Pierre II Mignard. Ces constructions sont reliées aux bâtiments médiévaux par une grande arche qui enjambe l’ancienne basse-cour. Suites aux ravages d’un incendie en 1726, une deuxième série de travaux est confiée à Jean-Baptiste Franque.

    Deux dernières campagnes de construction sont réalisées de 1747 à 1776 ; elles vont donner au monastère sa physionomie définitive avec les 16 travées de la façade.

    Cette construction d’esprit moderne, à conception verticale et à niveaux superposés, témoigne d'un grand classicisme ; l’ensemble avait à l’origine, une superficie de 8 000 mètres carrés, cinq étages, plus de soixante fenêtres, et deux cages d'escalier monumentales, ce qui en faisait le plus vaste monastère mauriste du sud-est de la France avec l'abbaye Saint-André de Villeneuve-lès-Avignon.

    A la Révolution, le monastère vendu comme bien national, va être dépouillé de sa toiture et de sa charpente et va servir de carrière de pierres…

     

    Les extérieurs

     

    La petite abbaye Saint-Pierre étend rapidement son influence à Arles et en Provence grâce à un vaste réseau de prieurés (jusqu'à cinquante-six au XIIIème siècle) et au pèlerinage de Montmajour appelé Pardon de Montmajour.

    Selon la tradition, un fragment de la Vraie Croix, parvenu à Arles dès le IVème siècle, serait à l’origine de la relique que possédaient les moines de Montmajour. Le pèlerinage eut un tel succès, que pour préserver leur sérénité, les moines font construire au XIIème siècle, une chapelle-reliquaire à l’extérieur de la *clôture pour cantonner la foule des fidèles à l'écart du monastère ; ce sera la chapelle Sainte-Croix.

    Le Pardon de Montmajour va drainer de nombreux fidèles pendant tout le Moyen Âge, jusqu’à 150000 d’après un chroniqueur arlésien de la fin du XIVème siècle.

     

    Abbaye de Montmajour la chapelle Sainte-Croix Bouches-du-Rhône

    La chapelle-reliquaire Sainte-Croix, vue de l’abbaye

     

    Mais le début du déclin commence avec la diminution des aumônes des pèlerins et surtout au XIVème siècle, avec les ravages des Grandes Compagnies en Provence et ceux de l’armée de Bertrand Du Guesclin lors du conflit avec Raymond de Turenne.

    Les moines protègent alors leur monastère par des ouvrages militaires : un mur d’enceinte aujourd’hui disparu et une tour encore appelée tour de Pons de l’Orme, du nom de l’abbé qui en fût l’initiateur.

    Au XVème siècle, l'abbaye perd l'indépendance de son abbatiat et se trouve rattachée à l'archevêché d'Arles.

     

    Abbaye de Montmajour la Tour Pons de l'Orme

    La Tour Pons de l’Orme, XIVème siècle

     

    Au XVIème siècle, pendant les Guerres de Religion, les moines quittent l’abbaye occupée par les soldats de la Ligue catholique ; deux ans plus tard, les moines reviennent et retrouvent l’abbaye dévastée.

    Au XVIIème siècle, l'archevêque d'Arles introduit la réforme bénédictine de Saint-Maur mais malgré une forte opposition des moines, les Mauristes prendront possession du monastère. Sous leur direction, des extensions sont entreprises mais au début du XVIIIème siècle, un important incendie nécessitera des travaux de reconstruction, dirigés par l'architecte Jean-Baptiste Franque.

    La Révolution donne le coup de grâce à l’abbaye ; l’ensemble monastique va être, comme tant d’autres, vendu comme bien national. Les bâtiments très dégradés ou même en partie détruits, vont être rachetés par la ville d’Arles en 1838. L'abbaye est classée Monument historique à partir de 1840 et la restauration des bâtiments commence au Second Empire, sous la direction d'Henri Antoine Révoil. Depuis 1945, l’abbaye est propriété d’État et sa gestion est confiée au Centre des Monuments Nationaux.

     

    Abbaye de Montmajour Tour Pons de l'Orme,ruines des bâtiments médiévaux

    Ruines des bâtiments conventuels médiévaux et le donjon

     

    La chapelle Saint-Pierre, ermitage du XIème siècle, le monastère Saint-Pierre, couvent médiéval des XIIème et XIIIème siècles, la Tour de l'abbé Pons de l'Orme, donjon défensif du XIVème siècle et le monastère Saint-Maur, construction classique du début du XVIIIème siècle, composent l’abbaye de de Montmajour :

    La première église Notre-Dame disparue,  édifiée au XIème siècle peut-être à l'emplacement de l'église du XIIème siècle ;

    La Chapelle Saint Pierre, ermitage semi-troglodyte construit dans la première moitié du XIème siècle, dont la partie la plus ancienne est intégralement taillée dans la roche selon le mode de construction en Provence calcaire ;

    Le monastère Saint-Pierre, (le cloître, la salle capitulaire et la section réfectoire-dortoir), qui fait partie avec l'abbatiale Notre-Dame du plan d'ensemble d’origine.

     

    Le film « Le Lion en hiver » d’Anthony Harvey, avec Peter O'Toole, Henri II Plantagenêt, Katherine Hepburn, Aliénor d'Aquitaine, Anthony Hopkins, Richard futur Cœur de Lion et Timothy Dalton, Philippe Auguste, a été, dans sa grande partie, tourné dans l’abbaye.

    L’abbaye et ses ruines ont été une source d’inspiration pour de nombreux artistes, en particulier Vincent van Gogh.

     

    Abbaye de Montmajour Collines et ruines de Montamjour Vincent van Gogh

    Collines avec les ruines de Montmajour - Vincent van Gogh, juillet 1888

    ©Wikipedia

     

     

    Visite de Montmajour

    En suivant le plan fourni lors de la visite

     

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    Abbaye de Montmajour Abbatiale Notre-Dame Bouches-du-Rhône                           

     

                            Abbaye de Montmajour Cloître et bâtiments conventuels Bouches-du-Rhône   

     

                               Abbaye de Montmajour les extérieurs de l'Abbaye Bouches-du-Rhône

     

     

    Voir aussi ‘L’eau dans les Abbayes » ICI

     

     

    Glossaire :

     

    *Archère :

    Ouverture percée au niveau du sol, permettant non seulement de lancer des traits d'arbalète ou des flèches, mais aussi de surveiller à couvert les actions des assiégeants contre les ouvrages de défense.

    *Clôture :

    Enceinte d’un monastère interdite aux laïcs, où les religieux vivent cloîtrés conformément à la Règle.

    *Console : (architecture) 

    En architecture, une console est une pièce servant de support à un balcon ou à un élément en saillie par rapport à la façade. C’est aussi un socle qui ne retombe pas sur une colonne et sur lequel repose une statue ou une ogive.

    *Culot :  (architecture) 

    Support d'une retombée d'ogive lorsque celle-ci ne repose pas sur une colonne.

    *Couverture en cul-de-four :

    Voûte en forme de quart de sphère, rappelant la forme du four à pain ; elle fut utilisée de l'antiquité jusqu'à la fin de la période romane pour couvrir les absides.

    *Encorbellement :

    Élément en saillie portant à faux sur un mur, supporté par des poutres, des corbeaux ou des consoles.

    *Enfeu :

    Espace à fond plat ménagé dans l’épaisseur d’un mur dans un édifice religieux pour y encastrer un tombeau ; il était généralement réservé à des défunts importants, religieux ou nobles.

    *Mâchicoulis :

    Galerie de pierre en surplomb au sommet d'une courtine. Les ouvertures dans le sol permettent le jet vertical de projectiles.

    *Mâchicoulis sur consoles : (comme pour la Tour Pons de l’Orme) 

    C’est un chemin de ronde posé à l'extérieur sur des consoles ou corbeaux ; cette construction qui apparaît à la fin du XIIIème siècle, va voir son emploi se généraliser ensuite.

    *Plan barlong : (rectangle assez allongé) 

    On donne cette appellation au plan des travées et des voûtes dans l'architecture médiévale, en opposition au plan carré habituel des voûtes d'arête romanes et de celles sur croisée d'ogives employées au XIIème siècle.

     

     

    Sources :

     

    Commentaires affichés sur le circuit de la visite et le dépliant fourni à l’entrée

     

    Centre des Monuments Nationaux

    http://www.monuments-nationaux.fr/

     

    Ministère de la Culture

    http://www.culture.gouv.fr/

     

    Architecture religieuse

    http://architecture.relig.free.fr/

     

    Wikipédia

    https://fr.wikipedia.org